Economie • Environnement • Travail
L’Andalousie, laboratoire du renouveau minier européen
03.04.2023
Cet article a paru dans le n°121 de Politique (décembre 2022).
Quand on parle de mines en Belgique, on pense souvent à une période de notre histoire récente. Des images de mineurs au visage noirci (les « gueules noires ») nous viennent en tête, les galeries sombres et la poussière, mais aussi les coups de grisou et leurs victimes. Si toutes les mines sont aujourd’hui fermées en Belgique, il en va différemment dans d’autres pays européens. Ainsi, environ cent mines métalliques sont en activité en Europe dont les leaders sont la Suède (premier producteur européen de fer) et la Finlande (cuivre, zinc, nickel, chrome, argent, or[1. G. Vic, Mines européennes. Quelques exemples de mines de métaux, Collection « La mine en France », tome 10, 43 pages, 28 figures, 2017. (En ligne.)]).
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Si l’exploitation minière existe encore sur notre continent, elle est loin de suffire à combler les besoins de l’industrie européenne. Ainsi, pour la Commission européenne, l’extraction minière n’appartient pas au passé, elle est aussi notre avenir. Pour réaliser la transition écologique et numérique, l’Union européenne a besoin de grandes quantités de métaux. Lithium, cobalt, nickel, cuivre pour les batteries, terres rares pour les technologies de pointe numériques, énergétiques ou de défense, entre autres. Le problème ? Cesressources ne sont pratiquement pas exploitées sur le territoire européen. « L’UE dépend de 75 % à 100 %des importations pour la plupart des métaux[2. Commission européenne, « Résilience des matièrespremières critiques : la voie à suivre pour un renforcement de la sécurité et de la durabilité », 2020, p. 8. (En ligne.) ]. » Ils proviennent principalement de pays étrangers parmi lesquels la Chine, qui reste incontournable dans les chaînes d’approvisionnement mondiales de métaux.
Pour assurer son indépendance énergétique, l’Union européenne désire réduire ses dépendances[3. Dans sa communication « Matières premières critiques » de 2020, la Commission européenne liste 30 matières premières critiques dont la criticité est déterminée par l’importance économique et le risque d’approvisionnement, parmi lesquelles on retrouve entre autres l’antimoine, la bauxite, le lithium, l’indium, le cobalt ou le tantale.] autant que possible. C’est l’objectif annoncé dès l’« Initiative matières premières » en 2008 qui définit la stratégie de l’Europe en matière d’approvisionnement en matières premières. Elle s’accompagne de la communication sur les « matières premières critiques », rééditée tous les 3 ans. La dernière publication de 2020 stipule que l’Union européenne aura besoin d’ici 2050 de 60 fois plus de lithium, 15 fois plus de cobalt et 10 fois plus de terres rares[4.Commission européenne, Résilience des matières premières critiques : la voie à suivre pour un renforcement de la sécurité et de la durabilité, 2020.].
A côté du recyclage et de la sécurisation de ses approvisionnements via le commerce et la diplomatie, l’UE encourage aussi vivement les États membres à (ré)explorer voire (ré)exploiter leurs propres gisements. L’Alliance européenne sur les matières premières critiques, créée en 2020, s’inscrit dans cette stratégie et vise, pour les besoins de l’industrie européenne, à soutenir cette relance minière en Europe tout en tâchant de convaincre les éventuelles populations réfractaires de l’absolue nécessité de ces ressources naturelles pour la transition verte.
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Passé et présent minier en Andalousie
L’Espagne, surtout à l’ouest, fait partie des États membres disposant d’un potentiel minier d’intérêt économique : lithium, cuivre, or, étain et terres rares sont présents dans le sous-sol espagnol et pourraient contribuer au projet de transition énergétique européen[5. Invitée par l’association française Systext, Justice et Paix a pu s’immerger l’espace d’une semaine dans l’histoire minière réactivée du Sud de l’Espagne. La suite de cet article est le fruit de cette observation.]. L’ouest de l’Andalousie est traversé par la ceinture pyriteuse ibérique qui se prolonge vers le Portugal. « Le Portugal et l’Espagne sont les laboratoires de la mine à grande échelle en Europe », nous dit Juan Diego Pérez Cebada, professeur d’histoire environnementale à l’Université de Huelva. Riche en cuivre, c’est sur cette zone géologique d’exception qu’ont repris plusieurs projets d’exploitation. Depuis 2009, six mines ont rouvert et des centaines de permis sont à l’étude.
En Espagne, ce sont les communautés autonomes[6. Les communautés autonomes sont le premier niveau de subdivision territoriale du royaume d’Espagne. Elles sont au nombre de 17. Elles bénéficient du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.] qui possèdent les compétences en matière de gestion du sous-sol. Elles octroient les concessions et délivrent les permis d’exploration aux entreprises. « Le gouvernement régional andalou se positionne clairement en faveur de cette reprise minière », explique Doris Buu Sao, maîtresse de conférences à l’Université de Lille, qui mène un travail de recherche immersif sur la relance minière andalouse[7. Voir son article « Faire advenir la mine “durable” en Europe? Discours institutionnels et impératif de relance minière, de l’Union européenne à l’Andalousie », Revue Gouvernance, vol. 18, n° 2, p. 16-41, 2021.]. En 2015, la région lance sa « stratégie minière 2020 » pour redynamiser l’exploitation. « Croissance économique et emplois sont les arguments principaux de ce texte », poursuit Doris Buu Sao. Pour comprendre l’accueil plutôt positif réservé à cette promotion des activités minières le contexte socio-économique andalou apporte un éclairage utile. L’Andalousie est, en effet, la deuxième région la plus pauvre d’Espagne, avec un taux de 35,1 % de sa population en risque de pauvreté[8. European Anti-Poverty Network, « El estado de la pobreza, Seguimiento del indicador de pobreza y exclusion social en Espana 2008-2020 », 11° informe, 2021. (En ligne.)]. Elle a été durement touchée par la crise économique de 2008. Le taux de chômage actuel est de 19 % contre 13 % pour la moyenne nationale[9. Epdata, « Paro en cada comunidad autonoma segun la EPA del INE », 2022. (En ligne.)]. La mine est donc présentée comme une opportunité économique qu’on ne peut manquer de saisir. Et une large frange de la population semble sensible à ces arguments. Plus récemment, les motifs environnementaux achèvent de légitimer la relance de cette industrie lourde. Pour accélérer la transition écologique dépendante de métaux, la mine se rend incontournable et promet d’être responsable, voire verte (restauration des sols, usage d’énergies renouvelables, etc.). Une « stratégie mine durable » est ainsi en cours de rédaction dans le chef du gouvernement andalou.
Idem au niveau national avec une « feuille de route pour la gestion durable des matières premières minérales, fondamentales pour le succès de la transition écologique et digitale » dont la version préliminaire a déjà été publiée. Tout est dit, les voyants sont au vert, la mine a de l’avenir en Andalousie !
De plus, le renouveau minier en Andalousie repose sur un long passé minier qui a forgé une forme
de « culture minière ». La mine n’est en effet pas un sujet nouveau dans le Sud de l’Espagne. Certains gisements sont exploités depuis l’époque romaine (Rio Tinto, Aznalcollar). De la deuxième moitié du XIXe s. à aujourd’hui, différentes périodes d’exploitation se sont succédé dont l’intensité a fluctué en fonction du cours des métaux. De nombreux villages sont nés à proximité des mines. Certains ont été détruits lorsque les exploitations prenaient fin. Cela explique un attachement très fort à ce secteur d’activités dans les régions minières. Le professeur Pérez Cebada parle même dans certains cas « d’amnésie des populations, de perte de mémoire de leur passé agraire. Les noms des éléments participent à cet oubli. Par exemple, à Aznalcollar, le fleuve s’appelle le Rio agrio (fleuve acide), ce qui fait dire aux gens que le fleuvea toujours été pollué, mais c’est faux. Cette pollution est due à la mine du siècle passé et le fleuve s’appelait auparavant le Rio Crispinejo ».
Précarité du travail
Il existe, au nord de la ville industrielle de Huelva, un bassin minier en activité. On y trouve la mine de cuivre de Rio Tinto exploitée aujourd’hui par l’entreprise chypriote à capitaux étrangers Atalaya Mining. La mine emploie entre 800 et 1 200 personnes dont les deux tiers à travers des entreprises sous-traitantes. Si en apparence la mine semble avoir les faveurs de la population, des acteurs universitaires, syndicaux et écologistes se montrent par contre davantage critiques.
La mobilisation syndicale a fortement évolué au fil du temps. Au début du XXe s. émergent des syndicats et commissions ouvrières très forts qui se mobilisent pour la défense de leur emploi. Une manifestation de cet engagement fut la constitution de la coopérative de travailleurs qui tenta de maintenir les activités de production minière à Rio Tinto entre 1995 et 2001, suite au départ de l’entreprise. Néanmoins, les syndicats ont perdu en légitimité au fil du temps en lien notamment avec des affaires de corruption. Notons aussi que le modèle de l’entreprise du XIXe s. est bien différent de celle du siècle suivant. À l’entreprise paternaliste du passé a succédé l’entreprise multinationale productiviste actuelle. Et ce changement influence directement les relations avec les syndicats.
La recherche du profit maximal empiète sur les droits des travailleurs. Deux délégués syndicaux de la mine de Rio Tinto en ont témoigné. Ils déplorent que les entreprises sous-traitantes (issues du secteur du bâtiment et du transport), qui se chargent de l’extraction et de la conduite des camions, ne soient pas couvertes par la convention collective du secteur minier qui prévoit des bonus pour l’inhalation des poussières[10. Les poussières sont l’un des impacts de l’exploitation minière, que ce soit au niveau du transport des minerais, du broyage et du concassage ou encore des étapes de concentration, hydrométallurgie ou pyrométallurgie. Chargées en métaux lourds, elles peuvent avoir un impact sur la santé des travailleurs.] notamment. Fin 2021, un consensus entre les syndicats, entreprises et autorités publiques a mis un terme aux négociations à ce propos et garantit désormais la limitation des contrats temporaires ainsi qu’une meilleure harmonisation entre activité et convention collective. Mais la loi reste ambivalente selon certains.
Selon une de nos sources, Aminer, la fédération patronale du secteur minier, aurait déclaré pouvoir profiter des vides laissés par la loi pour préserver ses avantages. Des revendications syndicales de ce type peuvent donner lieu à des pratiques de fin de contrat abusives de la part de l’entreprise. Alfonso et Jorge (Prénoms d’emprunt) travaillent dans la mine d’Aguas Tenidas, située à 2h30 de la mine de Rio Tinto, sur la ceinture pyriteuse ibérique. Elle a été exploitée par l’entreprise Matsa jusqu’en 2021 puis a été rachetée par la multinationale australienne Sandfire Resources en 2022. Alfonso y travaille sur la plateforme de concentration[11. Le processus de concentration est l’étape de l’exploitation qui succède à l’étape du broyage et concassage. Elle vise à traiter la poussière obtenue, généralement par flottation, pour en obtenir une poussière à plus haute concentration métallique. La flottation est une mise en solution qui, par densité, va faire remonter les métaux les plus riches. Le concentré, par exemple, de cuivre obtenu a une teneur en cuivre de 25 à 40 %. D’autres étapes suivent jusqu’à obtenir le métal pur.] et Jorge du côté du stockage et des fournitures. Ils sont deux des rares employés à assumer un rôle syndical, car « sinon la soumission à l’entreprise serait totale », explique Alfonso.
Ils déplorent la mort de cinq de leurs collègues depuis 2007. « Le service des mines et l’inspection du travail se rejettent la responsabilité, les procès prennent du temps », regrettent-ils. Sur les renvois abusifs, ils expliquent que « deux de nos collègues avaient fait partie du comité d’entreprise mais lorsque tu en sors, après un an, tu n’es plus protégé, ils ont donc été licenciées sous prétexte de trop faible rendement ». « Le salaire est élevé », nous disent-ils « mais c’est la politique de la peur, l’entreprise achète notre silence. De plus, les impacts des poussières respirées vont se faire sentir sur le long terme et moi je ne veux pas vendre ma santé pour un salaire », termine Alfonso. « Le rythme de production est tellement frénétique, c’est ce qui compte le plus, on est dans le modèle d’une mine coloniale », conclut Jorge.
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Risques environnementaux
La ville de Nerva, peuplée de 5 000 habitants, se trouve au pied d’une montagne de stériles miniers (roches inutiles extraites) de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Manuel, un ancien mineur, nous explique que ces stériles n’existaient pratiquement pas il y a quelques années. La reprise intensive des activités par Atalaya Mining depuis 2015 a provoqué l’apparition de cette montagne artificielle. « Une tonne de minerai extraite représente trois tonnes de stériles. Et le rythme des minerais traités aujourd’hui est inédit », nous dit avec fierté ce mineur à la retraite. « Fin des années 90, on traitait 1000 tonnes/heure, aujourd’hui on est à plus de 2 000 tonnes/heure. » Pourtant, la mine de Rio Tinto présente une teneur en cuivre assez faible de 0,48%[12. La moyenne mondiale est actuellement autour de 0,6 %, ce qui signifie que sur une tonne de roche, l’on extrait 60 kg de cuivre.]. La rentabilité provient du volume extrait : il faut donc extraire toujours plus.
Du haut du point de vue auquel nous mène Manuel, nous pouvons non seulement observer le tas de
stériles mais aussi une partie de l’ancien site en exploitation entre la fin du XIXe s. et la moitié du XXe. Nous bordons les anciennes cheminées en ruine des fonderies de l’époque. « La manta [couverture] recouvrait Nerva comme un nuage de fumées rougies par les reflets du soleil », se rappelle Manuel. Nous pouvons aussi remarquer des résidus miniers (boues de traitement toxiques) au pied de l’école de la ville de Nerva, sans que cela ne semble susciter la moindre inquiétude. Notre question sur les impacts sanitaires et environnementaux est rapidement balayée. Ce n’est pas un sujet. Le neveu de Manuel nous signale quand même qu’un rapport sur les poussières émises par les procédés d’extraction avait failli sortir en 2016 mais que l’entreprise avait trouvé un arrangement pour que celui-ci ne paraisse jamais. Il regrette aussi qu’il n’y ait pas plus de compensation vis-à-vis de la population. « La richesse de l’entreprise ne revient pas à la population. Dans le passé, c’était plus équilibré », nous dit-il amer.
Nous empruntons ensuite un train touristique d’époque longeant le Rio Tinto (fleuve coloré) rouge
acide. La pollution du fleuve due à la mine a été prouvée dans des études[13. M. O. Alvarez, J. M. Nieto Linan, A. M. Sarmiento, C. R. Canovas, « La contaminacion minera de los rios Tinto y Odiel », Universidad de Huelva, 2010. (En ligne.)], mais la guide touristique prétend qu’il s’agit d’un écosystème naturel unique et inoffensif. Les touristes ébahis se photographient le long du fleuve après avoir traversé cet environnement apocalyptique fait d’amoncellements de résidus, stériles et scories, témoins millénaires du passé minier de la zone. Manuel conclut notre rencontre en nous disant à quel point il est heureux que sa région minière puisse attirer les regards extérieurs. Toute idée qui fait vivre l’économie lui apparaît positive.
À côté de la proximité entre les résidus miniers riches en métaux lourds toxiques et les zones d’habitation, un autre problème préoccupe grandement les écologistes. Il s’agit des bassins de résidus miniers de la mine de Rio Tinto. Isidoro Albarreal, spécialiste des questions minières au sein d’Ecologistas en acción (association nationale écologiste), nous explique que ces bassins font environ 500 ha et sont remplis de 200 millions de tonnes de boues. Ces boues toxiques sont issues des plateformes de concentration et d’hydrométallurgie[14. Procédé qui succède à la concentration et qui vise à purifier encore un peu plus le minerai sur base d’une mise en solution.] qui utilisent différents réactifs chimiques pour purifier le minerai. « La méthode de construction du barrage minier[15. Le barrage minier est une construction qui permet de contenir les bassins de résidus toxiques issus des processus de traitement des minerais.] est la plus dangereuse qui existe, signale Isidoro. Le risque de rupture est bien réel et provoquerait une catastrophe naturelle dramatique qui polluerait les cours d’eau et les terres jusqu’à la mer et toucherait également le parc naturel de la Doñana ». L’entreprise Atalaya Mining souhaite à l’heure actuelle augmenter encore la capacité des bassins en faisant rehausser le barrage de 42m pour y placer 160 millions de tonnes de résidus supplémentaires. Le gouvernement régional a donné son feu vert fin août. Ecologistas en acción a présenté des observations contre le projet lors de la période d’informations publiques qui suit ce type de décisions[16.« La Junta mantiene su propuesta de autorizar que se amplíe la presa minera de Riotinto », Andalucía información, 31/08/2022]. La procédure suit son cours.
Prendre le recul nécessaire
Face aux réalités observées, il n’est pas aisé ni sans doute souhaitable de prendre position vis-à-vis des projets miniers à l’œuvre. Dans le bassin minier autour de Nerva, d’autres opportunités économiques que la mine semblent inexistantes pour les populations. La région est dévastée par les déchets des exploitations passées et présentes qui empêchent toute activité agricole par exemple. La mine semble être la seule option. Et notre position d’observateur se trouve malmenée face au déni concernant les pollutions évidentes de ces zones et les probables impacts sanitaires. Quand une population ne souhaite pas prendre connaissance de ces impacts, n’est-ce pas un choix qui les concerne avant tout ?
Néanmoins, certaines pratiques des entreprises restent inacceptables et ne semblent pas maîtriser
tous les risques. Que ce soit les méthodes anti-syndicales ou les risques pointés autour des bassins de résidus miniers de Rio Tinto, la marge d’amélioration est bien réelle. Ces pratiques doivent pouvoir être dénoncées sans crainte de représailles et les droits humains devraient primer sur la rentabilité économique. Notre découverte de la réalité minière espagnole nous a permis de constater que les pratiques n’étaient pas plus exemplaires dans l’Union européenne qu’au Pérou ou en République démocratique du Congo, battant en brèche les arguments du secteur. La mine verte n’existe pas.
Enfin, la transition écologique et numérique de l’Union européenne doit-elle se faire au prix du sacrifice de certains territoires, environnements naturels et cours d’eau ? La demande en métaux en pleine croissance va renforcer la volonté de différents acteurs publics et privés de faire aboutir des projets dans l’Union européenne (et ailleurs dans le monde). L’assentiment de la population est loin d’être garanti et celle-ci doit pouvoir être écoutée. Le phénomène Nimby[19. Not In My Back Yard, « pas dans mon arrière-cour ».], fréquemment dénoncé par les promoteurs de la mine (« vous voulez un smartphone mais pas une mine près de chez vous »), est entendable à partir du moment où il plaide pour un autre modèle de société, un modèle où l’extractivisme aveugle céderait la place à un modèle plus mesuré et raisonnable, où la sobriété collective serait envisagée comme une réelle option et mise en place démocratiquement, un modèle qui viserait à sortir définitivement du mythe abscons de l’abondance actuel, à ne pas endommager davantage notre planète et à voir ce qu’on peut faire avec l’existant.