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Le racisme c’est bien, le sexisme c’est mieux

«Vous avez aimé la saga Ségolène Le titre de ce billet est emprunté au collectif féministe La Barbe ? Alors, vous devez adorer le Hillary-circus ! Voici revenir la question métaphysique par excellence : les femmes ont-elles une âme ? Ou, en termes modernes : une femme a-t-elle la capacité de conduire une grande puissance, malgré son hypersensibilité, sa faiblesse congénitale et ses hormones… ? — … Ou plutôt : l’Amérique est-elle assez adulte pour confier son sort et ses guerres à une femme ? Avec pour piment supplémentaire : entre une femme et un Noir, mes préjugés balancent ! — Ah, si les Républicains avaient pu leur opposer Condoleezza Rice : Noire et femme, qui dit mieux… ? — Une lesbienne handicapée, peut-être… ? — On peut ironiser à l’infini mais moi, ce qui m’intéresse là-dedans, c’est le traitement médiatique de la candidature de Mme Clinton. Et pour commencer, le silence quant à ses prises de position concernant les femmes. Il faut lire la presse féministe – mais qui la lit… ? – pour découvrir ses propositions fermes en faveur du droit à l’avortement et la très diabolisée pilule du lendemain, des mesures pour combler le fossé salarial ou combattre les violences conjugales, et autres sujets sans importance Voir par exemple Eliane Audet sur le site www.sisyphe.org, 4 février 2008 ! Des sujets, en tout cas, qui n’intéressent guère les autres candidats… — Au risque de me faire excommunier, je proclame haut et fort que je n’aurais certainement pas voté pour elle – même après avoir lu la presse féministe. Parce qu’elle a soutenu hier la guerre en Irak, qu’elle tient aujourd’hui un langage très belliqueux sur l’Iran, ou encore parce qu’elle a siégé au conseil d’administration de multinationales comme Wal-Mart, cette chaîne d’hypermarchés qui ne supporte pas les syndicats… et qui discrimine son propre personnel féminin Voir Trends-Tendances, 23 mars 2007, sur le site www.trends.be ! Alors, pour ce qui est de combler le fossé salarial… — Mais on peut ne pas la soutenir et en même temps être scandalisée par la façon dont elle est traitée. Aujourd’hui encore, on se permet, vis-à-vis d’une femme, ce qu’on n’oserait plus par rapport à un Noir. Le racisme indigne alors que le sexisme provoque, au mieux, un haussement d’épaules navré. Pas si grave, n’est-ce pas… — Vous vous souvenez de ce calicot brandi lors d’un meeting d’Hillary : «Repasse mes chemises !» Qu’aurait-on dit de cette Amérique toujours raciste, si quelqu’un s’était permis de brandir devant Obama une pancarte du genre : «Va cirer mes chaussures !» — Mais il y a pire que les insultes. Ce sont des partisans, oui, des partisans de Mme Clinton qui croient lui faire un compliment en écrivant que : «si elle donnait l’une de ses couilles à Obama, ils en auraient chacun deux». Ou ce dirigeant syndical qui a cru bon de souligner sa «fortitude testiculaire», ou l’éditorialiste du New York Post qui est allé jusqu’à la déclarer victorieuse dans «la primaire des couilles» Repris dans Le Monde, 9 mai 2008 et La Presse, 6 mai 2008 ! J’en conclus que, homme ou femme, le pouvoir est toujours au bout des couilles ! — C’est vrai, ça fait sourire mais il n’y a pas de quoi ! Oserait-on écrire, à propos d’Obama : «S’il donnait à Hillary quelques pigments de sa blancheur, ils seraient tous deux Suédois» ?