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Vu à la télé

Et alors, ces vacances, ça s’est passé comment?  Il a fait tellement dégueulasse que j’ai rallumé la télé. Vous vous rappelez, depuis le mariage de Philippe et Mathilde, je l’avais carrément débranchée, et bien, là, elle fait de nouveau partie de la famille. Et vous savez ce qui m’ a frappé? Eh bien, on ne parle plus que des femmes, on ne voit plus que des femmes! Bientôt, les hommes devront revendiquer la parité!  C’est vrai, à la radio aussi, on s’intéresse enfin à nous. Tiens, l’autre jour, j’ai entendu un reportage sur les femmes ambassadeurs… ou ambassadrices…On peut dire « ambassadrices »…?  Attends, je regarde dans le Petit Robert. Oui, « ambassadrice » c’est bon. Mais voilà le détail qui tue, les exemples qui valent leur pesant de testostérone! « L’ambassadeur de la pensée française ». « L’ambassadrice de la mode française ». C’es pas mignon, ça?  L’émission concernait les difficultés que ces femmes avaient connues pour s’imposer dans leur métier, mais ce qui m’a paru extraordinaire, c’est que ces dames n’avaient ni nom, ni attribution! On ne disait pas Mme Une Telle, ambassadrice dans tel pays… Elles étaient femmes, ça suffisait à les définir. On ne voulait pas qu’en plus, elles aient une identité propre!  Les jeunes femmes candidates aux élections communales qu’on a vues dans « Faire le point » avaient un nom et même un parti…  Et on a bien senti toute la différence avec les débats habituels: C’était tout doux, tout gentil, on n’élevait pas la voix, même Bandouin Cartuyvels en oubliait de calculer le temps de parole par famille politique! Tiens, je n’ai pas entendu une seule fois cette phrase-clé des débats politiques: « Je ne vous ai pas interrompu, laissez-moi terminer… »  Oui, mais moi je me suis solidement ennuyée, j’ai trouvé qu’elles ne disaient pas grand-chose, à part remercier les hommes qui leur ont permis d’être là… A mon avis, ce qui leur a surtout permis d’être là, ce sont les luttes des femmes, mais bon… D’accord, elles paraissaient plus civilisées!  Et c’était d’autant plus frappant que si tu zappais à la même heure sur la chaîne concurrente, on s’y engueulait ferme. Evidemment, on discutait de l’augmentation des prix pétroliers, un sujet sérieux…  …Et donc il n’y avait pas une seule femme parmi les invités. Et pourtant il doit bien y avoir des femmes concernées par le sujet, des pensionnées, des automobilistes, et même une femme ministre, si je ne me trompe pas?  Qu’il y’ait des femmes partout, et de plus en plus, et combien cela reste difficile, on le voyait bien dans le reportage de l' »hebdo », sur ces femmes qui ont choisi des métiers dits masculins: soudeuse, pompière, coureuse cycliste…  Là, on revenait sur terre, sur ces choses effarantes qu’on peut encore entendre à la fin du vingtième siècle : ce collègue de travail qui disait combien c’était dur pour une femme, parce que lui, après huit heures d’usine, sa journée était finie, tandis qu’une femme devait encore s’occuper du ménage, des enfants… Que les choses puissent se passer autrement ne lui venait même pas à l’esprit!  Ou ces patrons qui hésitent à engager une femme dans un atelier parce qu’alors, « les hommes ne vont plus travailler »‘!  Et donc, parce que les hommes ne vont plus travailler, on sanctionne les femmes? Il n’y a qu’à virer les hommes, comme ça il n’y aura plus de problème.  Mais pas les hommes politiques parce que ceux-là, ils deviennent tous d’ardents partisans des femmes, c’est même touchant. Même que, pour marquer l’importance des femmes en politique, notre brave Antoine Duquesne a décidé de confier à deux gamines le tirage au sort des numéros des listes pour les élections communales! C’est pas du féminisme, ça?  Il n’a pas pensé à prendre deux petites immigrées? Des fois qu’on reparlerait du droit de vote des étrangers…