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Faire vivre l’héritage – Édito n°124

Jonas Jacobsson. Unsplash.
Jonas Jacobsson. Unsplash.

Transformation graphique, changement de rédaction en chef, évolution d’équipe, nouvelles rubriques, chez Politique, depuis deux numéros, les réformes se succèdent à un point tel qu’elles pourraient passer pour une révolution. Alors que la génération des fondateurs, issus de Mai 68, accueille de nouveaux membres au sein de la rédaction, la question se pose à nous, jeunes publicistes téméraires qui prétendons assumer les responsabilités : comment se montrer à la hauteur d’un tel héritage ? Comment reprendre le flambeau sans en éteindre la flamme ?

D’abord, peut-être, faire preuve de reconnaissance. Saluer les pères fondateurs : Henri Goldman, Hugues Le Paige, Bernard Richelle, et le collectif d’intelligences et d’énergies qu’ils eurent le don d’agréger autour d’eux. Comment dire tout ce que l’équipe actuelle et le collectif éditorial doivent à ces infatigables militants de terrain et de plume ? Cet engagement dans la revue, c’était pour eux, dès le départ, bien plus qu’une entreprise éditoriale. Il s’agissait de la démocratie en acte, d’éducation permanente, de penser son temps pour être en mesure de le transformer. Par cette revue, c’est toute la Belgique, du moins francophone, si souvent accusée de léthargie politique qui s’anima. En témoigne la liste impressionnante de personnalités du monde politique, associatif, syndical, passées par nos colonnes.

Cet engagement sans faille, il se concrétisait et se concrétise toujours par l’intérêt et l’amitié portés à notre publication, au-delà des chapelles et des partis. Politique, ce sont aussi d’innombrables sujets traités, souvent à la pointe des combats progressistes. C’est enfin, un lectorat fidèle et pluriel, qu’il soit d’ores et déjà abonné, ou qu’il se procure la revue dans les librairies du pays.

Se montrer à la hauteur d’un tel héritage, c’est aussi, au-delà de la reconnaissance, pouvoir écouter les conseils des aîné·es. Et le premier d’entre eux, qui résonne comme une exigence et un appel sans cesse renouvelé : du débat, du débat, et encore du débat ! Revue belge d’analyse et de débat, en effet. Et l’on ne débat pas d’un sujet qui fait l’unanimité.

Nous avons donc choisi d’agir en conséquence, en optant pour le traitement de thèmes parmi les plus sensibles : les dissensions face à la guerre en Ukraine, le poids des héritages en Belgique, l’écho local des événements au Proche-Orient – qui sera le sujet principal de notre prochain numéro.

Pour continuer à porter haut les couleurs du progressisme, la revue a délaissé le noir et blanc. Le format a aussi été transformé : plus maniable, afin de pouvoir être glissé facilement dans la poche d’un manteau ou un sac à dos.
À la place de chroniques personnelles, des rubriques thématiques ; le portrait d’un éclaireur ou d’une éclaireuse, à l’avant poste de la lutte. Citons aussi une invention brevetée made in Politique : la carte météo conçue par Arthur Borriello et Andrea Rea, permettant de suivre les tendances et les évolutions du progrès social en Europe. En bref, beaucoup d’idées et de dynamisme, de volontés associées dans ce travail d’équipe, pour faire vivre l’héritage inestimable de cette revue à nulle autre pareille.

En espérant que ce nouveau format vous plaise, je vous souhaite donc, au nom de tout le collectif éditorial de Politique, une excellente lecture et vous présente mes meilleurs vœux pour la nouvelle année 2024, année triplement électorale, qui s’annonce donc si politique !